Chers compatriotes,

Nous reprenons nos chroniques après quelques semaines d’absence pour cause de vacances avec une chronique un peu particulière. Pour une fois, nous nous tournons vers un domaine spécialisé, celui de la philatélie de Maurice, pour vous exposer les problèmes majeurs que nous – c’est-à-dire tous les philatélistes collectionneurs de timbres et de papèterie postale de Maurice – rencontrons avec un sombre individu, directeur du Mauritius Post Ltd, Giandev Moteea de son nom, dont l’incompétence en matière de philatélie est prononcée, ce qui a eu pour résultat de mettre sur la touche un aspect majeur de notre patrimoine.

Mais commençons d’abord, pour l’information de nos lecteurs, à présenter brièvement les traits majeurs de nos timbres. En eux, nous avons un héritage majeur qui a établi pour notre compte une renommée dans le monde dont nous mesurons difficilement les bienfaits tant pour notre philatélie que pour d’autres secteurs, notamment le tourisme.

Allo Maurice ! La diaspora appelle... Allo Maurice ! La diaspora appelle...

Nos deux ‘Post Office’ émis le 21 septembre 1847 en sont la clé. Cinquième pays à émettre des timbres dans le monde et première colonie de l’empire britannique à le faire, nous avons bénéficié depuis d’un intérêt soutenu de la part de philatélistes du monde entier qui n’a cessé de se manifester. Mais les atouts de Maurice en matière de philatélie ne s’arrêtent pas à ces deux timbres, dont des exemplaires sont exposés au Blue Penny Museum. Nous avons l’avantage, pour ainsi dire, d’avoir dans la liste de nos émissions successives d’autres joyaux, tel les changements intervenus dans la dénomination de nos timbres lors de l’adoption du système métrique dans le pays en 1878, les shillings et les pence étant remplacés par une nouvelle monnaie, la roupie et les sous indiens.

De plus, Maurice jouit d’un autre atout majeur. Pendant une grande partie de son histoire, la philatélie du pays s’est manifestée à travers une cinquantaine de bureaux de poste seulement, une manne à cause de ce nombre relativement restreint, tout à fait gérable aux yeux des collectionneurs pour qu’ils en fassent des ensembles complets, avant qu’il n’augmente jusqu’à la centaine, et même un peu davantage, aujourd’hui.

Enfin, faut-il signaler l’intérêt que constituent nos chers timbres pour la compréhension de notre histoire, de nos communications avec l’étranger par voie maritime, par câble sous-marin et par voie des airs. Les enveloppés préimprimées et prétimbrées (vendues dans les bureaux de poste à partir de 1862), et surtout les cartes postales prétimbrées émises à partir de 1898, viennent compléter un tableau flatteur de nos rapports et de nos échanges, tant entre nous à Maurice qu’avec l’étranger.

Il est difficile de se figurer comment l’on vivait à Maurice entre 1898 et 1945 sans posséder une collection de ces cartes postales. Différemment des enveloppes prétimbrées, elles ont presque toujours été expédiées sans avoir été mises dans des enveloppes, ce qui a rendu leur contenu accessible. Ce qu’elles illustrent est tout simplement inestimable pour la petite histoire de notre île. Toute les facettes de la vie locale sont illustrées, depuis celles montrant la rapidité extraordinaire de l’expédition et de la livraison du courrier dans l’île jusqu’aux décès, aux souhaits de rétablissement, et même jusqu’à l’annonce de la prochaine arrivée à Curepipe du train venant de Beau-Bassin avec un cageot de poules, à récupérer à la gare.

Porteurs d’enseignements au monde entier en matière de philatélie, les Britanniques ont constamment attribué toute l’importance voulue à la conception, au design, à l’impression et à la diffusion des émissions successives de nos timbres jusqu’en 1967. Puis est arrivée l’indépendance, et avec elle sont apparus graduellement l’à peu près, le manque de rigueur, l’amateurisme et les erreurs.

Ainsi, le plus grand scandale de notre philatélie est survenu avec l’émission des deux timbres de la « Lufthansa » en mai 1970. Œuvre de trois francs-maçons d’une des loges francophones locales et d’un triste individu en Allemagne, la philatélie de Maurice a été utilisée de façon vile et odieuse dans la circonstance pour la promotion d’un événement purement commercial. Ces trois maçons étaient deux pontes du secteur privé, dont le représentant d’Harel Mallac & Co. Ltd., agents désignés de la compagnie aérienne et un dirigeant très haut placé de Rogers & Co. Ltd., ainsi que le ministre des Postes de l’époque, soit Seewoosagur Ramgoolam lui-même[1].

Mais notre philatélie a quand même pu résister pendant de longues années à un contexte défavorable grâce à la présence d’acteurs, tels que l’irremplaçable Mico Antoine dans son passage au gouvernement et son infatigable action au sein de la Mauritius Philatelic Society, et le compétent et dévoué Krishna Gunnoo au Bureau philatélique.

Les problèmes majeurs ont commencé lors du départ à la retraite de ce dernier, ainsi qu’avec la nomination, à l’époque où Paul Bérenger était Premier ministre, de Giandev Moteea à la direction de Mauritius Post Ltd., supposément pour introduire un système d’émission de cartes bancaires à la poste.

Avant de continuer à vous expliquer la déchéance depuis dans le design, l’émission, la diffusion et l’oblitération des timbres dans les bureaux de poste à Maurice et leur répercussion sur l’image de la philatélie de Maurice, portons quelques instants notre regard sur la philatélie en général.

Ce domaine est très spécialisé, et demande pour sa bonne marche de nombreuses compétences bien précises. Collectionner des timbres est facile : on les trouve, et on les met dans des albums selon des classifications ordinaires, soit par pays, par thème ou par préférences particulières. Devenir philatéliste est une autre paire de manches : il faut restreindre ses choix, trouver les moyens financiers de faire l’acquisition des pièces à garder, suivre assidument les ventes ayant lieu dans le monde entier pour chiner et dénicher les perles, savoir évaluer l’intérêt des timbres individuels pour ce qui concerne leur état, leur filigrane et leur éventuelle oblitération, entre autres, et surtout, se munir d’une documentation aussi complète que possible sur la collection que l’on veut constituer. C’est dire que le premier venu au sein d’une administration postale qui ne possède pas des connaissances élémentaires et dont la culture et l’esthétique ne font pas partie de la personnalité peut créer des difficultés insurmontables et même des dégâts irréparables à sa philatélie, les timbres étant une partie intégrante de l’histoire d’un pays.

Le triste sire Moteea est de ceux-là. Il est dans le domaine de la philatélie de Maurice ce que certains politiciens sont dans la gouvernance de notre République : un désastre. Jugez plutôt !  Ça commence par la composition des membres du Stamp Advisory Committee, cet organisme mis sur pied en 1969 (composé alors de certains philatélistes de valeur) pour conseiller le directeur général des postes sur les émissions et la gestion de nouveaux timbres. Son choix s’est porté – nous avons envie de dire « en priorité et naturellement » – sur ses « frères » francs-maçons, dans un but très précis : comme il est défendu aux maçons de se critiquer entre eux – solidarité absolue oblige – il s’assurait par là de leur soutien indéfectible et de leur endos de ses actes. Quelques noms nous viennent à l’esprit à ce propos. Le terrain des initiatives était libre, pour ainsi dire.

Puis, la descente aux enfers a pris forme et s’est poursuivie sans relâche jusqu’à ce jour. Elle a pris la forme d’erreurs dans les émissions, de la transgression de droits de reproduction sans hésitation, de retards dans les émissions, de non-coïncidence de la date des émissions avec les événements y relatifs et, surtout et plus que tout, de la banalisation des thèmes retenus pour les « plis premier jour » (first day covers) et d’une qualité des oblitérations dans les bureaux de poste de Maurice depuis 2012 qui frise l’indécence. Nous sommes intervenu personnellement à son bureau pour sensibiliser cette bourrique à ses erreurs et manquements, le président de la Mauritius Philatelic Society lui a adressé » des propos très durs, de manière répétée, dans les Newsletters de la MPS, mais rien n’y a fait à ce jour. Giandev Moteea s’en fiche et s’en contrefiche de la qualité des objets philatéliques que son bureau émet et de l’abjecte qualité des oblitérations dans les bureaux de poste de Maurice : la mauvaise image que projette notre pays en matière de philatélie dans le monde n’est de toute évidence pas son problème. Et notre glorieux passé philatélique ne l’émeut même pas ! Voilà le calibre d’un de ces nombreux individus que l’on nomme dans notre foutu pays à des postes qu’ils ne méritent absolument pas. Et voilà la qualité de certaines oblitérations effectuées dans des bureaux de poste de Maurice :

Allo Maurice ! La diaspora appelle...

Allo Maurice ! La diaspora appelle...

Par ailleurs, les First Day Covers et les cachets qui y paraissent depuis quelques années n’ont plus aucune originalité, les timbres sont constitués de photos retouchées d’une affligeante banalité, les prix des timbres ont pris l’ascenseur (la Mauritius Post Ltd. commence à faire face à des performances financières médiocres), les thèmes « Anniversaries & Events » ont presque envahi tout ce qui s’émet et se succèdent sans grand-chose d’original entre leur parution, et notre philatélie s’enfonce dans l’inintéressant et la laideur.

Mais, voyez-vous, chers lecteurs, ce n’est pas tout. Cet individu incompétent, indigne de se voir confier un des joyaux de notre patrimoine, a décidé il y a quelques années de changer tout simplement le nom d’un bureau de poste de Maurice, ce qui constitue une véritable infamie aux yeux des philatélistes sérieux : ainsi, le bureau de poste dont les timbres portent l’oblitération ‘FLACQ’, situé depuis son ouverture au 19e siècle au village de Poste de Flacq (avant que Centre de Flacq ne devienne le principal chef-lieu du district et qu’un bureau de poste n’y soit ouvert) a été renommé au début de la présente décennie « Poste de Flacq ». Rien que ça ! Voilà un fait qui démontre clairement que l’on a à faire avec Giandev Moteea à un rustre bourru et inculte, qui aurait dû depuis longtemps être renvoyé, avec un coup de pied bien placé… Mais nous sommes avec lui bien à Maurice, terre peuplée d’un nombre élevé de cons, de petits opportunistes de tous poils, de léthargiques, d’incultes et de trafiquants d’influence.

Vous remarquerez que jamais les organes de presse ne font paraître un article critique sur le compte de cet individu. Nous vous laissons deviner pourquoi… Au fait, la raison est simple : il est incritiquable !

Le bilan de la gestion de Giandev Moteea au Mauritius Post Ltd. est catastrophique, surtout pour notre philatélie. En voici les principaux aspects :

  • Dans la vaste majorité des cas, les oblitérations des postes de Maurice ne peuvent plus permettre l’utilisation de l’expression « le cachet de la poste faisant foi ». La portée légale de ces cachets a été réduite à presque zéro ;
  • Les timbres courants de Maurice, tant neufs qu’oblitérés, ne se vendent plus. La preuve par un exemple : pendant des années, le nombre de timbres en vente sur le site eBay était stable à 3 500. Depuis 5 ans, ce chiffre augmente régulièrement – 5 000, puis 6 500, puis 8 500 et, depuis peu, plus de 9 000. L’image de la philatélie de Maurice se dégrade, surtout à l’étranger où les principaux échanges se produisent, le marché local des objets philatéliques étant très modeste ;
  • Les Mauriciens qui se faisaient un pécule en recueillant les timbres déjà oblitérés à Maurice et les expédiant à des revendeurs à l’étranger ont renoncé à collecter les timbres émis depuis le début de la présente décennie : ils sont invendables !
  • Les philatélistes, tant Mauriciens qu’étrangers, qui sont actifs sur les marchés de la philatélie (principalement en Grande Bretagne et aux États-Unis) constatent que les prix des objets en général baissent depuis 3 ou 4 ans. Seules quelques pièces de collection relativement rares conservent le niveau de leur valeur. Notre propre collection (qui débute à partir du SG 23) a perdu environ 25 % de sa valeur d’achat au cours des dernières années ;
  • La promotion des objets philatéliques de Maurice, qui est un devoir élémentaire de la Mauritius Post Ltd., est au point mort. La présentation de la philatélie de Maurice sur le site de cet organisme tient sur une seule page. Une vraie honte, qui donne une idée du degré d’incompétence de l’individu à sa tête !!!
  • Bien que la Mauritius Post Ltd. soit financée avec de l’argent public, on est incapable de savoir comment évolue le nombre de First Day Covers vendus lors chaque émission. Tout comme le dossier d’Agaléga, le dossier est tenu secret.  

Giandev Moteea a le devoir d’exprimer un grand merci à tous les francs-maçons qui lui ont apporté leur soutien, spontané et sans réserve, au fil des ans, en commençant par les « frères » directeurs de tous les organes de presse de Maurice. Car, sans eux, aurait-il été nommé à son poste au départ ?

And to you, Giandev Moteea, we are left with shouting loud and clear in your ears:  You have been a real disaster for Mauritian philately ! High time for you to bugger off now, and disappear into thin air… 

A. Jean-Claude Montocchio          

[1] Nous avons traité de ce scandale in extenso dans un article paru (en anglais et en français) dans le numéro 20, en date de Juin 2017, de la Newsletter de la Mauritius Philatelic Society. Il est librement accessible, pour lecture seulement, sur le site de cette dernière, à http://www.mauritiusphilatelicsociety.com/