Bonjour Bruneau Laurette,

GRAN BÉZÉ PÉ VINI !  Nou ti kwar ki ziss piti-la qui enn danzé pou la démokrati et nou l’avenir politik, mé nou trouvé ki l’opposition oussi kapav vinn enn véritab ménass pou nou société sivil !

Bann-la pé sey servi nou asterr !  Nou bien bizin réazir et litté pou pas less zot pran tou kapital et tou krédibilité ki la société sivil Moris fin arrive gagné avec bann actions ki ou finn pran dépi nofraz Wakashio.

Mo lanss ou enn lapel. Nou bizin réazir asterr ! Li bien important ! Gett propositions konkrett ki mo pé fer dans sé ki mo ékrir ici…

 

Ce qui s’est passé durant les deux derniers jours à Maurice est extrêmement décevant et préoccupant. L’opposition parlementaire, l’impayable Navin Ramgoolam en tête, veut clairement maintenant récupérer à son compte toute la crédibilité et surtout la forte identité que la société civile a acquise dans l’île au cours des derniers mois.

Il est fondamentalement important qu’elle résiste aux efforts de certains politiciens de diluer son identité !  Mieux encore : il faut que nous utilisions les circonstances pour consolider notre action et faire comprendre aux politiciens-dinosaures de notre pays (il y en a encore tellement !) que leur style de politique des 52 dernières années, c’est comme Capri, c’est fini…

Récapitulons, pour mieux saisir la situation dramatique dans laquelle se trouve l’île Maurice !

I – La catastrophe ‘Couard’ Jugnauth

Depuis quinze mois que Pravind Jugnauth est à la tête du pays, n’importe quel Mauricien intellectuellement neutre peut constater à quel point notre pays s’est enfoncé encore plus avec lui.

La déchéance est visible partout dans notre vie. Avec l’absence quasi totale de vrais contre-pouvoirs dans notre constitution et la lâcheté de ses lèche-bottes patentés, piti-la a réussi à contrôler la presque totalité des structures de gestion du pays. Mais, comme nous savons, il a aussi imposé sa sulfureuse « paternité » sur toute l’administration du pays, et pire encore, il a laissé se répandre une insécurité et une instabilité et il a rétréci certaines de nos libertés avec une arrogance rare.

Il est le danger public n°1 à faire expulser de la scène politique, et il ne faut surtout pas diminuer la pression sur lui, afin que l’on continue à démolir son image et « cut him down to his real size ».

En quinze mois seulement, le tort qu’il a fait au pays est immense. Il nous a confirmé beaucoup de choses sur son compte : c’est un politicien très moyen qui n’a pas les capacités minimum pour être Premier ministre, même d’un petit pays comme Maurice. Ses actes traduisent, sans l’ombre d’un doute, de l’immaturité, de l’irresponsabilité, de l’immoralité, du mensonge, du racisme (ou du communalisme le plus abject, si l’on préfère) et de l’anti-patriotisme primaire (en tant que serviteur attitré de ce maudit Modi).

Chaque nouveau jour qui passera, le pays s’enfoncera un peu plus avec lui. Et ce qui est le plus dangereux, c’est que c’est un homme faible et que l’histoire nous apprend combien il est risqué de confier un pouvoir quasi absolu à ce type d’individus. En effet, ils sont incapables de mesurer la portée exacte de bien de leurs décisions, surtout lorsqu’ils sont entourés d’opportunistes et de membres de réseaux secrets.

Ainsi, avec Jugnauth, nous sommes forcés d’évoluer dans une société bloquée, de style féodal, sans espoir de voir changer, se développer et évoluer notre patrie et d’œuvrer en faveur de l’intérêt général et le bien commun.

II – L’émergence d’une société civile munie d’une forte identité

Jamais, dans la longue histoire de notre pays, la société civile de Maurice n’a pu émerger et se manifester en tant que telle avant votre arrivée sur la scène sociale, Bruneau Laurette ! Ce que vous avez accompli en six mois est unique, et ceux qui viendront après nous auront à le reconnaître et… saluer votre réussite exceptionnelle.

Par votre courage, votre présence, vos interventions et votre capacité à rassembler, vous avez réussi à faire comprendre aux différentes composantes de la société civile – employés, gens d’affaires, ONG, syndicats, professionnels, académiques, et bien d’autres – combien il est crucial dans toute société de faire front commun vis-à-vis des deux autres éléments (souvent praticiens du népotisme) qui composent toute société, à savoir le monde politique et les capitalistes.

Avec vous, le 29 août dernier, ce sont les politiciens qui se sont joints à la foule, et pas le contraire. Ce jour-là a eu lieu un changement fondamental : le peuple a compris que ce sont les politiciens qui doivent les écouter, et les suivre. Ce jour-là, le peuple s’est affranchi de la domination des politiciens dans sa vie !  Symboliquement, nous avons pour la première fois pris le contrôle de notre destin ! Cet acquis doit être conservé et préservé de toute tentative de le diluer ou de retourner à l’esprit « peuple mouton » qui a toujours prévalu à Maurice.

Félicitations donc, Bruneau Laurette ! Si l’on continuait à élire, comme avant, un Mauricien de l’année tous les ans à la fin du mois de décembre, vous auriez été le candidat idéal, sans l’ombre d’un doute. Qui à Maurice peut comprendre la vraie valeur et la portée exacte de vos initiatives, et exprimer ouvertement une vive reconnaissance pour tout ce que vous avez entrepris ?  Pas grand monde, malheureusement.

Soyez assuré de notre appui sans faille !

Mais pour renforcer votre action, comme vous le savez, il va falloir structurer votre mouvement, formaliser votre présence en créant une association et la faisant enregistrer auprès du Registrar of Associations, vous entourer de quelques compétences susceptibles d’assurer une permanence en termes de secrétariat et de diffusion de communications.

Allez de l’avant, Bruneau Laurette !  Et si les moyens font défaut, alors faites nous signe, et nous procéderons à un financement communautaire en sensibilisant la diaspora, dont nous sommes membres. La seule chose que nous demanderons (et qui, avec vous, est déjà acquise) est la transparence de gestion des fonds éventuellement recueillis.

III – Quand l’opposition parlementaire déçoit…

L’autre chose importante que nous savons aujourd’hui, c’est qu’une opposition extra-parlementaire peut animer la vie politique mieux que celle se trouvant à l’assemblée nationale. Grâce à l’Internet et aux plates-formes numériques… !

Réfléchissons un moment : malgré tous les excès qu’on doit reconnaître à ces nouveaux moyens électroniques, où en serions-nous dans ce pays aujourd’hui sans la possibilité de suivre l’actualité dans l’île en temps réel, les émissions de Top FM, les déclarations de Roshi Bhadain, les études pertinentes de Dev Sunnasy, l’humour décapant de Rachna Seenauth et les analyses opportunes de Prakash Neerohoo ?  Et de bien d’autres Facebookers encore ?

Il ne nous resterait que la MBC, cette savate du pouvoir, et certains organes de presse, qui manquent souvent d’intérêt dans leurs articles d’opinions et dans les chroniques, et dont les investigations font gravement défaut dans un pays qui n’est autre qu’un grand village et donc où les informations devraient être faciles à obtenir… Ah ! Cette opacité, quand elle nous tient…

Que l’opposition ait mené des actions timides en face des scandales qui se produisent avec une telle régularité est assez décevant. À part les conférences de presse et les interviews, il n’y a pas grand-chose qui se passe, alors que le pays va à vau-l’eau.

En fait, le comportement de cette opposition parlementaire est exactement celui auquel on peut s’attendre de politiciens décidés à faire de la politique comme il y a 50 ans, et de continuer à caresser les citoyens-votants dans le sens du poil : taper systématiquement sur les rivaux, mais surtout ne pas s’engager soi-même pour l’avenir, ne surtout pas débattre d’idées et de mesures en profondeur qui seraient susceptibles de faire évoluer notre monde politique et la façon de favoriser une vraie démocratie et accélérer notre développement, combattre et dénoncer l’opacité et les trafics d’influence, formaliser les structures des partis politiques et nos dépenses politiques une fois pour toutes, interdire les financements d’activités politiques venant de personnes morales et physiques, neutraliser les atteintes à la méritocratie en contrebalançant véritablement les pouvoirs sans limites des politiciens.

Il y aurait tellement à faire pour quitter une fois pour toutes ce carcan rétrograde qui caractérise notre paysage politique et les sales mentalités qui y règnent depuis si longtemps. Et c’est précisément une approche à la Bruneau Laurette qui pourrait faire aboutir un projet de modernisation devenu indispensable pour nous sortir de l’ornière.

IV – Morisiens, pas less sa bann-la servi nous ! Nous bizin réazir…

Le changement dans notre vie politique doit commencer avec quelques mesures bien précises. D’abord et avant tout pour nous protéger contre toute récupération par des politiciens.

Voyons la situation actuelle.

Au train où vont les choses, et pour être réalistes, nous devrons composer avec ce piti abject pendant encore environ quatre ans. C’est là une réalité effrayante. Comment cette constante dégradation de notre vie sociale va-t-elle se terminer, s’il faut la subir jusqu’en 2024 ?

Ce qui est certain, c’est que, forts de notre identité et de notre crédibilité, nous, la société civile, devons saisit cette situation pour imprimer notre vision de l’avenir à ceux qui prétendent nous représenter à partir de la prochaine échéance électorale. L’occasion qui s’offre à nous doit être exploitée à fond.

Or, à quoi assistons-nous depuis le 16 janvier ?  À rien de moins qu’une tentative sournoise de Ramgoolam et consorts d’utiliser les circonstances du moment et de se trouver une nouvelle virginité à nos yeux. Rien de moins ! Zot éna toupé !

Bruneau Laurette, nou kont lor ou pou azir. Sé ki pé arrivé la, li bien grav et li inakseptab !

D’après Ramgoolam, l’opposition parlementaire se regroupe pour provoquer un départ du gouvernement en place : il tient donc une conférence de presse en solo le samedi 16 janvier et annonce – au nom de toute l’opposition, semble-t-il – une « manifestation monstre » pour le samedi 13 février pour éjecter le gouvernement en place.

On est donc en droit de demander à Ramgoolam :

  • A-t-il parlé, lui un non-élu uniquement leader d’un parti politique, au nom de l’opposition parlementaire, au nom de celle-ci ? A-t-il été dûment mandaté à cet effet ? Devine-t-on correctement que Arvin Boolell, le leader de l’opposition à l’Assemblée, Paul Bérenger et Xavier Duval sont d’accord avec cette déclaration effectuée en ‘solo’, hors de leur présence, et l’avalisent ?
  • Si tant est que cela soit possible, Ramgoolam peut-il nous dire quel est le but exact de cette manifestation, et quel est le résultat précis qu’il espère en obtenir ?
  • Comme un grand nombre de partisans du Parti travailliste sont contre sa présence continue et ses interventions sur la scène politique – en estimant (justement à notre avis) qu’il fait plus de tort que de bien à l’île Maurice – peut-il nous dire s’il souhaite continuer à se livrer à de la politique active dans le pays et être candidat aux prochaines élections (dès que l’occasion se présente). Qu’il se le dise : sans réponse et engagement clair de sa part, nous continuerons à le combattre, car nous estimons qu’il est aussi dangereux que le ‘couard’ Jugnauth, si ce n’est qu’en raison de sa tentative fin 2014 d’établir un système présidentiel à Maurice, évidemment avec lui comme président, avec des pouvoirs largement étendus, une tentative qui a abouti à l’installation du régime Jugnauth que nous devons subir aujourd’hui.

Bruneau Laurette, nou bizin défann nou statut de société sivil avec ou led. Nou compte lor ou, ou bizin kontinié anim nou mouvma, et nou dir ou : siouplé, zamé na pa fer politique, parski lerla, sé la fin pou nou l’espoir dans enn société meillerr, kot politisiens azir kouma bizin et, sirtou, respecté nou. Resté, pa less bann-la fer nous retourn en arrierr. Sé nous qui responsab sanzman manierr fer politique dans Moris, et sa lokazion qui p présenté la, nou pou diffisilman gagn enn lott. Nou dépann lor ou !

V – Anou tester sinsérité bann-la…

Voici mes propositions, Bruneau Laurette. Analysez-les, et voyez si elles peuvent être adoptées.

Annoncer une manifestation, inviter tout le monde verbalement, de manière vague, et tenter de motiver une population qui ne veut pas de lui dans sa majorité, et à propos duquel l’anglais dirait « Pull yourself out and be damned ! ».

Hé bien, non ! Je suggère fortement que nous testions si Ramgoolam, Boolell, Bérenger, Duval et les proches conseillers de ce beau monde sont vraiment sincères ou si nous sommes toujours en plein dans le monde ancien.

Je suggère que vous adressiez un courrier individuel à ces gens, Bruneau Laurette, et que vous leur fassiez comprendre que la société civile de Maurice est à présent unie et solidaire, et que vous déciderez de mobiliser vos troupes – ou peut-être pas – en fonction des assurances par retour de courrier, par écrit aussi, que vous recevrez de chacun d’eux par rapport à vos questions. Pas de réponse commune et d’assurances verbales de leur part, tout doit être fait de manière formelle.

À mon avis, trois questions essentielles devraient leur être posées, comme suit :

  • La dégénérescence de Maurice a atteint un tel point que la mobilisation de politiciens ne peut s’arrêter aux seuls membres de l’opposition parlementaire, d’autant que ceux qui agissent autrement font montre d’un grand dynamisme. Dites-nous donc : allez-vous inviter des politiciens tels que Dev Sunnasy, Roshi Bhadain et les candidats indépendants au rassemblement ? Comment allez-vous procéder pour le faire ? Et à quel titre : comme organisateurs ou comme membres d’un regroupement de tous les intervenants dans le monde politique ?
  • Puisque vous visez à un « nettoyage » du régime du piti-la, comment voyez-vous exactement la suite des choses ? Forcément par une consultation électorale générale, n’est-ce pas ? Merci de nous le confirmer.
  • Si tel était éventuellement le cas, que comptez-vous proposer le moment venu comme mesures spécifiques pour transformer et faire évoluer les structures et le fonctionnement de la politique à Maurice, très spécifiquement en termes de
    • préservation et de rétablissement des libertés publiques, notamment de la liberté de l’information (avec un « Freedom of Information Act »),
    • formalisation du statut des partis politiques en associations dûment enregistrées et de leur fonctionnement,
    • révision de la Constitution du pays, référendum et mise sur pied de la Deuxième République.

Répondez très clairement et précisément à ces questions, sans les contourner comme font d’habitude les carriéristes en politique, et prenez l’engagement formel de traduire ces mesures dans la réalité dès la prochaine consultation populaire.

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BRUNEAU LAURETTE, nou pa kapav ratt sa lokazion-la pou fer zot kompran ki nou pa pou less zot kontinié ek zot badinaz enkor lontan. Si zot pas sanzé, nou pou bizin fou zot déor enn par enn.

Soi politisien kompran ki ler finn arrivé pour zot fer politik enn lott manierr, ou soi nou pou fer zot allé, avec enn bon kutpié…

  A. Jean-Claude Montocchio