Membres de notre Chambre, l’heure est grave, très grave ! Les dernières nouvelles qui m’arrivent de Maurice révèlent une situation extrêmement préoccupante pour l’avenir de notre institution.

Je vous avais signalé, il y a quelques semaines, comment le président et le Conseil avaient sapé l’image et la crédibilité et mis en danger la mission même de celle que l’on appelait encore il y a quelques années « la Grande Dame ». Depuis, un quotidien nous a révélé des choses toujours plus alarmantes sur son compte, témoignant de son inéluctable dégénérescence…

Ce que nous ne savions pas, c’est qu’il y a encore des nouvelles bien plus catastrophiques qui se présentent à notre CCI. Lisez…

Permettez-moi tout d’abord de tracer brièvement combien il a fallu de temps, d’efforts et de détermination pour pousser notre Chambre à jouer le rôle qui revient en fait à toute institution nationale du privé dans un système libéral de tradition britannique.

  • En 1935, une requête du secrétaire de la « Chambre de Commerce » à son Conseil à l’effet qu’un téléphone soit installé dans ses (petits) locaux a été rejeté : les moyens faisaient défaut, et l’utilité d’un appareil de communication n’était pas évident. Ce secrétaire était l’employé de pas moins de 4 organismes locaux simultanément.
  • L’histoire de notre institution moderne commence en 1965, avec la titularisation d’un secrétaire à plein temps pour l’animer, ainsi qu’avec le changement de son nom.
  • Au milieu des années 1970, il a fallu lutter pendant plusieurs années pour convaincre les autorités de nous permettre de certifier les documents douaniers contre une redevance.
    C’est ainsi qu’avec ces « endorsement fees » et les moyens qu’ils procuraient, il a été possible de développer grandement les activités de promotion de l’entrepreneuriat à Maurice.
  • Au cours des 30 dernières années, la mission et le rôle de la CCI de Maurice ont été considérablement étendus : non seulement la défense et la promotion des intérêts des membres ont été amplifiées, mais des activités de formation, un comptoir de remboursement de la TVA à Plaisance et un système de codes-barres ont aussi été lancés. La représentation à l’étranger et l’intégration régionale ont été renforcées et en 1996 une Cour d’arbitrage affiliée à Cour permanente d’arbitrage internationale a vu le jour.
  • Enfin, et de manière peut-être encore plus significative, notre institution est devenue auprès des autorités une force de proposition respectée en matière de politiques à suivre et de stratégies à adopter pour le pays, signe que notre mission avait atteint un stade où elle était capable de s’exprimer avec autorité, de manière ferme et indépendante, pour formuler ouvertement des propositions neutres, objectives et pertinentes.

Ce qui était loin d’être prévu, c’est que des forces opaques pénalisant le développement économique se mettraient à l’œuvre de plus en plus fortement (elles avaient toujours existé, mais à un degré non significatif), avec une vigueur et de manière tellement répétée qu’elles allaient condamner notre institution à dépérir et à voir son influence se réduire clairement.

Ainsi, à mesure que les politiciens provoquaient petit à petit la dégradation des fondements structurels de notre État de droit (avec une vive accélération depuis 2019), la CCI de Maurice lâchait du lest à travers ses structures dirigeantes : graduellement, pratiquement sans cesse, les membres du Conseil ont accepté, au moins tacitement, de jouer le rôle de toutous et de moutons.

C’est ainsi que nous sommes parvenus à l’affaiblissement et à la perte de crédibilité et de confiance envers la CCI qui s’expose aujourd’hui ouvertement à nos yeux.

Et maintenant, que va-t-il se passer ?  La prochaine assemblée générale de notre CCI aura lieu le 31 mars prochain, et comme c’est elle qui est véritablement souveraine (et qu’elle n’est pas soumise aux renoncements des lèche-bottes du petit calibre de Marday Venkatasamy et Guillaume Hugnin), les membres pourraient, ou devraient même, questionner le maintien de ces deux individus au Conseil de la Chambre. Ils ont, en effet, prouvé qu’ils ont joué un rôle néfaste en son sein et qu’ils sont très dangereux pour son avenir.

Pourquoi est-ce nécessaire ?   Parce que de nouveaux faits le démontrent sans ambiguïté.

Oui, des nouvelles fraîches me sont parvenues de Maurice cette semaine, et elles pourraient bien être CATASTROPHIQUES pour notre institution dans un avenir proche.

Jugez plutôt ! Comme vous savez, notre Chambre est actionnaire depuis 1994 de MNS, un système d’émission, de transmission et de soumission de documents import et export aux douanes du pays par voie électronique contre une rétribution, ce qui lui assure chaque année de substantiels dividendes. Ces revenus, qui doivent bien alimenter 30 à 35 % du budget de la CCI, servent non seulement à garantir la poursuite de ses activités, mais aussi à faire vivre dans une mesure appréciable « Business Mauritius », dont le budget annuel dépend notamment des ressources qu’elle lui fournit.

Oui, j’ai appris, sans aucun doute possible, que la Mauritius Network Services Ltd. (MNS) s’est vu enlever par le ministère des Finances – il y a seulement deux mois, en janvier dernier – un contrat de renouvellement de ses services susmentionnés relatifs aux déclarations en douane à Maurice (appelés techniquement « Integrated Single Window for Trade »).

Cette nouvelle est extrêmement préoccupante : en effet, amputer du budget de la Chambre une part de 30-35 %, c’est tout simplement saper les moyens qui lui permettent de maintenir sa présence, ses services, son rôle et la portée de ses actions. Et de ses moyens dépendent aussi la taille et l’efficacité des membres de son personnel, du moins de ceux d’entre eux qui méritent d’en faire partie.

Chers membres, notre assemblée générale du 31 mars prochain sera déterminante pour son avenir. Il est plus que temps que vous déterminiez ce qui se fait et se passe très exactement à un certain niveau au sein de notre institution, et il est impératif que vous posiez ce jour-là les questions suivantes au Conseil de notre institution :

  • En tant que présidents de la CCI, Marday Venkatasamy et Guillaume Hugnin, ont été les directeurs du « Board » de la MNS, le premier d’avril 2018 à novembre 2020, et le second depuis décembre 2020. En cette capacité, ils ont été intimement mêlés à la gestion de MNS depuis 2 ans. Peuvent-ils confirmer la décision prise par le ministère des Finances en janvier 2022 ?
  • Les membres ont-ils été informés de cette décision, qui pourrait mener à brève échéance à la disparition des dividendes reçus de MNS ? Si non, pour quelle raison exacte ne l’ont-ils pas été ?
  • La MNS ayant été la seule instance invitée à soumettre une offre pour le renouvellement de son contrat avec le Gouvernement, comment a-t-elle bien pu faillir dans cet exercice ?
  • Il nous revient aussi que le directeur général recruté en 2020 a été « démissionné » après quelques mois de fonctions, à la fin de l’année dernière. Ce départ a-t-il eu une incidence sur d’éventuelles lacunes dans la réponse à l’offre soumise par MNS, et le rejet de son dossier par le ministère des Finances ?

Il s’agit ni plus ni moins d’une circonstance grave qui pourrait mettre en danger le rôle fondamental qui est assigné à notre institution depuis bientôt 175 ans.

Un conseil, si je peux me permettre : à l’assemblée générale à venir, ne laissez pas les deux présidents susnommés vous répondre de manière évasive : insistez pour avoir les réponses les plus complètes au sujet de cette défaillance majeure dont ils portent une part de responsabilité, car il nous semble bien que ce dossier cache des défaillances inacceptables chez une compagnie aussi bien implantée et reconnue pendant bientôt 30 ans comme la MNS.

La responsabilité et la redevabilité de nos deux présidents devra être clairement établie et… assumée !  Celle des membres de son Conseil aura aussi à l’être, sans aucun doute : ne sont-ils pas ceux qui ont permis la prise et l’aval des décisions qui ont tant affaibli l’institution ?

Avant de terminer, voilà une cerise sur le gâteau…

Toujours d’après nos informations de Maurice, il semble bien que la Chambre ait « accepté » (ou en fait ait été silencieusement forcée) récemment de céder au gouvernement son Centre d’arbitrage, une instance qui pendant de nombreuses années a accompagné les acteurs économiques mauriciens dans le règlement de leurs différends tant sur le plan local qu’international.

Le Gouvernement mauricien, instrumentalisé par certains qui n’y ont vu que leur unique intérêt, a décidé en 2017 de créer un second Centre d’arbitrage entièrement financé par de l’argent public, avec des résultats peu probants à ce jour.

Après le départ en 2021 du responsable du Centre d’arbitrage de la Chambre, il semble bien que les discussions déjà entamées se soient accélérées entre les responsables de la Chambre et ceux du deuxième Centre d’arbitrage publique pour « fusionner » les deux entités, par le biais d’une simple absorption de l’instance de la Chambre. Proposition du Gouvernement spontanément acceptée !

Cette disparition semble démontrer, encore une fois, non seulement l’influence directe et malsaine du Gouvernement dans les affaires et les décisions de la Chambre, mais aussi et surtout la « démission » des présidents successifs et du Conseil en tant que fossoyeurs du secteur privé de Maurice. Ainsi, notre secteur privé – hors du secteur agricole – ne peut plus jouer un véritable rôle de contre-pouvoir dans le pays. De plus, sa mission d’appréciation ouverte, voire de critique, de la politique gouvernementale et de contre-propositions à cette dernière se dissout et devient inassumée. Garder le profil bas et encaisser, voilà l’attitude empreinte de lâcheté qui prévaut aujourd’hui.

Faudra-t-il arriver à instaurer, à la CCI de Maurice, des règles déontologiques que ses dirigeants devront s’engager à respecter ? L’irresponsabilité et la lâcheté de certains devient si manifeste…

Ma chère Chambre, ta fonction primordiale de chienne de garde de l’entreprise libre à Maurice est en train de disparaître !  Que les démissionnaires abjects qui peuplent tes couloirs soient évincés, car ils sont en train de détruire ce que tu as patiemment construit depuis plus d’un demi-siècle.

Ma pauvre île Maurice, ne pardonne jamais à ces lâches dépourvus de dignité et de respect pour eux-mêmes, car ils savent très bien ce qu’ils font…

A. Jean-Claude Montocchio     

Merci d’avance aux membres qui nous liront de transférer le texte ci-dessus rapidement aux autres membres qu’ils connaissent, afin que toute pétition pour l’Assemblée générale à venir puisse être soumise dans les délais.