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Chères Mauriciennes, chers Mauriciens,

Ainsi, nous sommes maintenant à peu près fixés : sauf circonstances exceptionnelles, des élections générales auront lieu à Maurice et à Rodrigues avant la fin de l’année en cours. Bien davantage qu’aux échéances précédentes, notre pays se trouve à la croisée des chemins : soit nous remettons au pouvoir des politiciens qui nous ont montré ce dont ils sont capables – et incapables – de faire en se servant de nous, soit nous arrivons à provoquer une rupture, et imprimer une direction résolument nouvelle et digne de nos attentes pour assurer la gestion sérieuse et efficace – on a envie de dire : enfin ! – de notre vie politique et de notre développement.

Les derniers jours ont été révélateurs à bien des égards : encore une fois, les politiciens passéistes ont accaparé pour leur compte, le 1er mai, la fête des travailleurs. S’imposant à la place des représentants syndicaux, ils ont saisi l’occasion pour promouvoir leurs intérêts traditionnels et déverser les habituelles critiques de leurs adversaires à des groupes de Mauriciens chez lesquels l’émotion domine toujours la raison.

Les quelques propositions de programme aux petites foules respectives ont brillé, encore une fois, par leur caractère électoraliste et populiste, la palme revenant à cet égard à Navin Ramgoolam qui, de manière honteuse, a assuré à ceux qui l’écoutaient qu’une fois revenu au pouvoir, il limiterait la latitude d’action du MRA, dont le traitement deviendrait discriminatoire pour certaines impositions, tant d’entreprises que de personnes physiques. Nous sommes avertis ! Voilà encore un de ces vieux politiciens qui ne comprend toujours pas ce qu’implique véritablement le système républicain qui est le nôtre et le traitement des contribuables dans un tel système.

Mais ce 1er mai nous amène aussi de l’espoir.

À constater le nombre réduit de partisans des partis politiques qui étaient présents aux meetings et à comparer ce nombre à celui bien plus élevé de ceux qui ont acquiescé et salué les posts des représentants des nouveaux partis politiques sur Facebook, on se met à se dire que les votants de toujours animés par de l’émotion purement partisane, par une faible capacité d’analyse de la vie politique et par une incompréhension des enjeux que comporte la prochaine consultation électorale perdent peu à peu de leur poids électoral.

En effet, à l’aide depuis quelque temps de certains nouveaux réseaux sociaux locaux, dont les sites de web télévision, on éprouve de la satisfaction à prendre acte des réflexions et des propositions autrement plus valables et novatrices venant des représentants des nouveaux partis qui émergent que de ceux des partis de toujours, et l’on voit aussi nettement s’accroître la visibilité de mouvements apolitiques tout à fait intéressants, tel que « Projet de société », dont le message et la réflexion sont empreints de pertinence, d’à-propos et de réalisme.

Ainsi, il semble bien que graduellement, mais sûrement, se dessinent à Maurice deux phénomènes : l’apparition d’un discours politique mûr, avisé, réfléchi et inspirateur, et l’arrivée de jeunes dont les perceptions et les propos incisifs augurent pour Maurice un avenir nettement moins « folklorique » qu’il n’a pu l’être jusqu’ici.

Nous vous invitons à vous joindre à cette tendance, à y former partie, du moins moralement, et à contribuer ainsi à renforcer et moderniser notre démocratie. Pour notre part, nous nous proposons de mettre en avant au fil des prochains mois quelques initiatives bien précises, avant la prochaine consultation populaire.

Avant de vous en présenter la première aujourd’hui, merci de garder à l’esprit les deux considérations suivantes :

  • Jusqu’ici, tout le long de notre histoire depuis 1948 et à l’exception de bien rares moments, le peuple a été un acteur bien passif pendant les campagnes électorales de notre pays. Nous avons laissé faire les politiciens comme ils voulaient avant chaque élection, leur donnant la pleine latitude de nous balancer le contenu de programmes politiques de leur choix, sans que nous n’ayons l’occasion ni la volonté d’exprimer nos vues et à prendre part à leur élaboration ;
  • Nous avons ainsi eu le tort de renoncer à utiliser nos prérogatives vis-à-vis des politiciens. Or, s’ils légifèrent et gouvernent, c’est pour nous représenter, et c’est nous qui leur permettons de le faire en votant pour eux. C’est à nous, le peuple, qu’il revient donc d’agencer, autant que faire se peut, les programmes de partis que nous avaliserons le moment venu par notre vote pour leurs candidats, les élus étant tenus de les exécuter subséquemment pour notre compte.

Pour nous y prendre, nous vous proposons une première initiative destinée à provoquer une réelle rupture d’avec ce à quoi nous avons été habitués depuis toujours, afin de faire évoluer notre système et d’imprimer une direction novatrice à notre pays :

DONNONS AUX FEMMES LA PLACE HONORABLE ET MÉRITANTE QUI LEUR REVIENT DANS NOTRE VIE POLITIQUE.

À bien y voir, nous vivons depuis toujours dans une société patriarcale, paternaliste et machiste, qui est même parfois semi-féodale, concernant le rôle et les prérogatives qui reviennent à la femme. Ce comportement se manifeste de manière spectaculaire dans le domaine de la politique, où la présence et l’action de l’élément féminin restent encore très limitées.

Ainsi, le nombre de femmes siégeant à notre assemblée nationale est extrêmement faible, à un niveau nettement plus bas que celui de nombreux pays africains beaucoup moins évolués politiquement et économiquement que notre pays. Voici des exemples édifiants : Rwanda : 61,3 % (pays champion mondial) ; Namibie : 46,2 % ; Afrique du Sud : 42,7 % ; Sénégal : 41,8 % ; Mozambique : 39,6 % ; [suivent 35 autres pays africains] ; île Maurice : 11,6 %, placé au 156e rang mondial. Édifiant et révélateur !

La reconnaissance de la part revenant aux femmes dans l’animation des activités politiques de notre pays doit donc s’accroître sensiblement. Et à cela, il existe plusieurs raisons, la principale tenant au fait qu’il est impératif de leur donner la possibilité de se mettre en avant pour défendre et promouvoir leurs droits, leur autonomisation et le respect qui leur est dû.

Comme les Mauriciennes sont supposées disposer des mêmes droits – et d’ailleurs des mêmes devoirs – que tous les autres citoyens, il est nécessaire qu’elles prennent et assument dorénavant la juste part qui leur revient dans la gouvernance de notre pays. Et pour qu’elles puissent y arriver, l’accès à leur mission de gouvernance de l’île doit leur être facilité. Et ce sont précisément les partis politiques qui auront une grande responsabilité à cette fin dans les prochains mois.

Pour information, il existe aujourd’hui un organisme des Nations Unies, ONU Femmes, qui propose aux femmes une formation à la vie politique couvrant le champ entier de cette activité, depuis des cours destinés à leur apprendre comment s’adresser à leur auditoire avec le maximum d’efficacité jusqu’à leur pleine participation aux travaux d’un parlement.

Nous vous formulons donc la proposition suivante : que nous utilisions une plateforme de pétitions (Change.org par exemple) une fois la date des élections annoncée pour balancer une pétition sur ce site et recueillir le sentiment de nos compatriotes (des deux sexes) sur la proposition suivante, dont le résultat sera communiqué à tous les partis politiques de Maurice et de Rodrigues, sans distinction aucune :

«Inclure au moins UNE femme candidate par parti et par circonscription aux prochaines élections de Maurice»

Les partis politiques réagiront comme ils voudront et prendront (ou pas) les décisions appropriées à cet égard. Il va sans dire que le peuple tirera les conclusions qui s’imposent dans le cas de ceux d’entre eux qui n’accepteront pas cette requête. Nous invitons avec beaucoup d’insistance les représentants des nouveaux partis à s’engager dans le sens susmentionné, au moins verbalement et au plus tôt, sans attendre les échéances à venir. Ces nouveaux partis ont déjà montré leur intention de rompre avec l’ordre ancien, et nous leur demandons de s’engager très clairement en déclarant publiquement dès que possible qu’ils nommeront pour les élections à venir au moins une femme dans chaque liste de trois candidats de leur parti dans chaque circonscription de Maurice et de Rodrigues où ils seront présents.

Il nous semble qu’il y a bien suffisamment de femmes éduquées, compétentes et munies d’excellentes connaissances qui seront disposées à figurer dans les listes électorales pour garantir leur présence adéquate dans le corps législatif de la prochaine législature et apporter une contribution significative aux activités de nos principales instances nationales.

Pour rester objectif et équilibrer notre propos, il nous reste encore à faire ressortir que le choix des candidates éventuelles revêtira une dimension importante. Il faudra s’assurer à tout prix que celles qui se mettront en avant honorent leur personne, les capacités dont leur genre peut faire montre et les accomplissements qu’elles peuvent afficher. Là encore, Maurice ne peut faire état de femmes qui ont réussi à s’exprimer pleinement, bridées qu’elles l’ont été par leurs leaders masculins.

Des exemples de femmes s’étant bâti une solide réputation sur le plan politique en Afrique viennent à l’esprit : Ellen Johnson Sirleaf, première présidente dûment élue du continent ; Graça Machel, Première ministre de l’Éducation et de la Culture du Mozambique ; Leymah Roberta Gbowee, co-lauréate du prix Nobel de la paix 2011, du Libéria.

Ainsi donc, il s’agira pour les partis d’éviter impérativement de choisir des candidatures péchant par un manque de personnalité, d’aisance, de rigueur et d’intégrité, car elles pénalisent la bonne image et la crédibilité des femmes intelligentes et dignes, capables d’accomplir pleinement les missions qui leur sont confiées.   

Nous estimons que si, des ±910 000 électeurs inscrits sur les listes électorales de Maurice, environ 150 000 d’entre eux acceptent éventuellement de signer la pétition, les partis présentant des candidats des deux sexes à l’élection devront obligatoirement tenir compte de notre proposition, car ce nombre sera suffisant pour influencer les résultats dans les différentes circonscriptions. Il sera donc impératif que tous les citoyennes et citoyens qui considèrent favorablement notre proposition participent à la signature de la pétition.  

L’occasion que nous offrent les prochaines élections de faire avancer notre démocratie ne peut être manquée. Pour les intérêts supérieurs de notre pays, pour notre vivre-ensemble et pour notre bien commun, négligés depuis si longtemps, nous devons tenter d’utiliser les faibles moyens dont nous disposons dans notre système, en tant qu’électeurs, pour jouer le rôle qui nous revient et orienter le cours des événements, ce qui nous permettra éventuellement de limiter l’influence du simplisme et de l’infantilisme d’électeurs encore (trop) nombreux et de celle de politiciens dont la performance décevante, l’attitude opportuniste et le manque de courage politique pénalisent et retardent notre avancement depuis plusieurs décennies.

Certains politiciens nous ont harangués, dans le passé, pour nous assurer avec leur paternalisme béat habituel qu’ils allaient changer notre vie. Ils parlent maintenant de « rupture ». Est-ce le slogan à venir ? Montrons-leur que, pour ce qui relève de nos conditions d’existence et de nos choix pour un avenir meilleur, c’est nous qui en déciderons à la base, et pas eux !

A. Jean-Claude Montocchio